Michel Dussuyer hérite d’un Syli national en crise.
Neuf ans après, Michel Dussuyer revient. Pour ce come-back inattendu à la tête du Syli national, le technicien français hérite d’une équipe en crise et dans l’obligation de résultats notamment dans cette campagne éliminatoire de la CAN 2025.
Dans un relatif anonymat depuis son départ du Bénin en 2022, le Cannais de 65 ans a décidé de revenir au premier plan en répondant à l’appel des autorités guinéennes qui l’ont sollicité face à l’urgence des résultats à laquelle fait face le Syli. Et le calcul est assez simple pour son troisième passage : 4 matchs pour décrocher un ticket pour la CAN 2025.
Un timing serré
Si la Fédération guinéenne de football (Feguifoot) a fait appel à ses services, c’est parce que Michel Dussuyer connaît bien la maison. Pour avoir été le sélectionneur du Syli National de 2002 à 2004 puis de 2010 à 2015, le Français revient en terre connue. Mais pour la Guinée qui a perdu ses deux premiers matchs (1-2 contre la Tanzanie et 1-0 contre la RD Congo), relancer tout de suite cette équipe qui va connaître un troisième sélectionneur (Kaba Diawara et Charles Paquille) en l’espace de trois mois n’est évidemment pas le plus facile des défis qu’il a connus en tant que sélectionneur.
En Guinée, les avis sur son retour sont loin d’être unanimes : « Le retour du coach est très risqué car il faut savoir que la Guinée est en danger. On a perdu des matchs qu’on devait gagner et ce qui reste à faire pour le coach, c’est de gagner les deux matchs contre l’Éthiopie », analyse Fatoumata Djiwo Diallo, journaliste au quotidien Horoya, interrogée par Sport News Africa.
Pour elle, la situation du Syli dans le groupe H couplée avec l’absence de stade homologué par la CAF (la Guinée va recevoir l’Ethiopie en Côte d’Ivoire), rendent la tâche un peu plus compliquée pour Michel Dussuyer : « Il est important de souligner qu’on a quelques problèmes en ce moment. Il faut rappeler que l’équipe ne joue pas chez elle, devant son public par manque de stade homologué. Nos joueurs cadres ne sont pas en jambe, et certains sont écartés et donc le public n’est pas auprès de ces joueurs », a énuméré Diallo.
« Si ça se passe mal, il repartira avec son pognon »
Au milieu de cette incertitude règne néanmoins une part d’optimisme pour la qualification à la CAN 2025 : « C’est possible qu’il puisse inverser la tendance pour la qualification. Comme vous le savez le football n’est jamais gagné d’avance et avec quelques changements, il est possible encore d’espérer même si c’est dur. Il nous reste encore des matchs à jouer donc nous croyons à la qualification », ajoute Fatoumata Diallo.
Par ailleurs, il y en a qui pensent que ce retour de Dussuyer n’est pas risqué dan la mesure où il n’a pas demandé à être nommé sélectionneur : « Est-ce que Michel Dussuyer prend un risque en décidant de prendre la tête du Syli national? Je ne crois pas, estime l’émérite journaliste guinéen Tanou Diallo. Je trouve qu’il a été très honnête, franc et sincère avec la Fédération guinéenne de football en leur disant clairement qu’il n’avait plus l’énergie nécessaire pour diriger une équipe nationale. Malgré cela, ils lui ont forcé la main, puis il a cédé. Même s’il s’engage dans une mission difficile et compliquée, il n’a pratiquement rien à perdre. Il a été sorti de sa retraite sans vraiment le vouloir, ni exprimer l’envie de se lancer dans une quelconque aventure. Si ça se passe mal, il repartira avec son pognon, d’où il est venu. C’est la Fédération guinéenne de football qui en subira les fâcheuses conséquences. »
Pour lui, prendre six points contre l’Ethiopie est impératif : « Il faut dire que sa mission s’annonce ardue. Après deux journées, la Guinée occupe la dernière place de sa poule avec 0 points. La RDC, leader du groupe, a fait 6/6. La Tanzanie est deuxième avec 3 points et l’Éthiopie est 3e avec un point. Après avoir perdu 3 points à domicile, la Guinée est dans l’obligation de prendre 6 points dans sa prochaine double confrontation contre l’Ethiopie pour se remettre dans le sens de la marche tout en espérant que son concurrent direct, la Tanzanie ne prenne pas de points contre la RDC. Puisque le match retour à Dar-es-Salam risque d’être crucial pour une éventuelle qualification », a-t-il poursuivi.
S’il souhaite – par patriotisme – à Michel Dussuyer de qualifier la Guinée pour la CAN 2025, le réalisme fait douter Tanou Diallo sur les capacités du Français à relever cet immense défi au vu du temps très court qu’il aura. Et ce n’est pas la première liste de ce dernier qui lui fera changer d’avis : « Nous sommes dans des calculs mathématiques très compliqués, ce qui explique d’ailleurs la complexité de la mission de Michel Dussuyer qui hérite d’une sélection instable, en manque de confiance et totalement dans la rue. Il a la lourde tâche de réussir à remobiliser, à motiver et à redonner confiance. Même si je lui souhaite toute la réussite dans cette tâche, j’ai des doutes. Non seulement, je ne suis pas rassuré par certains de ses premiers choix, aussi je sais que la gestion des égos, ce n’est pas son fort », a ajouté l’Officier média de la CAF.