Alioune Badara Faty
brille de mille feux avec le TP Mazembe. L’ancien portier du club sénégalais
de Casa Sport
s’apprête à disputer sa première demi-finale de Ligue
des champions avec les Corbeaux
de Lubumbashi samedi contre Al Ahly. Le vainqueur de la CAN 2021 retrace sa route, de sa Casamance au sud du
Sénégal, au Katanga. Le longiligne gardien de but sénégalais a
accordé un entretien exclusif à
Afrik-Foot.com.
Par Yoro
Mangara,
Comment le vestiaire vit-il
l’accident qui a frappé Rainford
Kalaba ?
Je ne le connais pas très bien.
Mes coéquipiers étaient tristes après l’annonce de son accident.
J’ai des coéquipiers qui le connaissent très
bien et le décrivent comme étant une personne sympathique. On prie
tous pour qu’il retrouve la santé. Nous avons appris la nouvelle à
la veille de notre deuxième match en championnat.
Vous avez remporté le
week-end dernier le classique du championnat congolais face à l’AS Vita Club
(2-1) après avoir réussi 5 clean sheet lors des 5
premières journées des play-off. Pourquoi avez-vous choisi le TP Mazembe
?
C’est un choix personnel. J’ai
passé des journées à réfléchir avant de donner mon
accord (à l’été 2023, ndlr). J’ai attendu la fin du championnat sénégalais
pour annoncer à mon président de l’époque (Seydou Sané) que
j’accepte la proposition du TP Mazembe. Le président du Casa m’a
aussi aidé à faire ce choix. Il m’a encouragé et a insisté pour que
je vienne ici. Aujourd’hui, je ne le regrette pas, tout se passe
bien pour moi. Il m’a dit « pars,
vas-y rejoindre le TP, les jeunes vont jouer les derniers matches
de championnat », car le Casa Sport
n’avait plus rien à jouer en Ligue 1 sénégalaise.
“Au début, c’était trop difficile pour moi”
Après, je peux vous dire qu’au
début c’était trop difficile pour moi. Je n’avais jamais changé de
club, j’ai toujours évolué au Casa. Quitter
son club, son pays, l’Afrique de l’Ouest pour l’Afrique Centrale,
ce n’était pas facile du tout ! J’ai
eu du mal à m’adapter à cette nouvelle vie, je vous
rappelle que mon histoire avec le Casa a démarré depuis la petite
catégorie. Je ne connaissais que ce club.
Le TPM affrontera Al Ahly en demi-finale de
la Ligue des champions
de la CAF.
Comment comptez-vous
faire pour sortir ce grand d’Afrique, champion en
titre ?
C’est une très grande équipe.
Elle a remporté la dernière édition de la Ligue
des champions. Elle a été à plusieurs reprises
demi-finaliste.
Maintenant, ce sont
deux matches à élimination directe,
tout reste possible. Le TP n’avait plus fait de quart de
finale de Ligue
des champions depuis 4 ans. Ils sont favoris (Al Ahly, ndlr) mais
nous allons tout donner pour aller en finale.
Quelles sont les forces du TP
Mazembe ?
Je vous dirai tout d’abord la
cohésion. Nous sommes un groupe soudé, uni. Et vous le savez mieux
que moi, l’union fait la force. Nous avons ce supplément d’âme qui
nous permet de pouvoir gagner des matches
mal embarqués. Nous avons aussi un très bon
encadrement technique, qui a, à sa tête, Lamine
Ndiaye qu’on ne présente plus. Il ne laisse
aucun détail et est tout le temps derrière nous. L’entraîneur
prépare minutieusement tous les matches, et nous mets la pression
pour qu’on puisse rester concentrés pendant 90mn.
Donc nous pouvons dire sans
risque se tromper que le TP Mazembe est redevenu un grand
club ?
Je répondrai oui si nous
arrivons à faire comme nos aînés en remportant la
Ligue des champions. Le TP a été un grand
d’Afrique. Son passé parle pour lui, c’est à nous, cette nouvelle
génération, de marquer notre histoire en remportant une nouvelle
étoile. Celui qui m’entraîne au quotidien (Robert Kidiaba,
entraîneur des gardiens et légende
du club, ndlr) peut le dire,
il a tout gagné avec ce club, mais nous, nous n’avons encore rien
fait !
“J’ai mis tout le monde d’accord le jour de notre match face
aux Mamelodi Sundowns”
Justement,
qu’est ce que cela
vous fait d’être entraîné par Robert Kidiaba ?
(Il respire) Kidiaba est une légende du club. C’est
l’un des meilleurs gardiens de but de l’histoire du football
africain. Je me suis beaucoup amélioré grâce à lui. Il me conseille
et sait trouver les mots justes pour me remettre dans le match si
je passe à côté sur un but ou une action. Il a toujours le mot
qu’il faut, la phrase qu’il faut pour te rebooster. Il essaie tous
les jours de nous transmettre son expérience. L’avoir au quotidien
est une chance pour nous !
Comment avez-vous fait pour
inverser la tendance car en début de saison vous n’étiez même pas
3e gardien ?
C’est vrai que je suis parti de
loin. Quand je suis arrivé, il y avait déjà 4 très bons gardiens de
but. J’étais le 5e.
je me suis aussitôt mis au travail. Je faisais trois séances par
jours. Je me suis battu ! Je
savais que j’étais le plus jeune (24 ans, ndlr), que ma chance
allait arriver, c’était à moi de la saisir. J’ai aussi pu profiter
de l’ambiance pour bien travailler. Nous étions des concurrents
mais pas des ennemis. Nous sommes proches, travaillons ensemble, et
le titulaire est toujours soutenu par les autres qui ne jouent
pas.
Siadi
Baggio avait au début la confiance de
l’entraîneur, c’est lui qui jouait. C’est peut-être à cause de mon
manque d’expérience au haut niveau. C’est tout à fait normal.
J’étais prêt à saisir ma chance, si le coach faisait appel à moi, mais j’étais aussi à fond derrière
le titulaire, que j’encourageais. Je crois que j’ai mis tout le
monde d’accord le jour de notre match face aux Mamelodi
Sundowns en Ligue
des champions (victoire 1-0
le 2 décembre 2023). J’ai
fait un match énorme. J’ai ainsi gagné la confiance de l’entraîneur
et du public qui ne me connaissait pas. Depuis, je n’ai pas quitté
le onze de départ du TP.
“Je ne peux pas dire que les installations n’ont rien à envier
à celles de Génération Foot, mais…”
Votre président Moise Katumbi
veut passer la main après avoir dirigé le club pendant plus de 25
ans. Vous en parlez dans le
vestiaire ?
Honnêtement non !
Je n’étais même pas au courant. Moi je
m’entraîne et je rentre à la maison (rires). Je ne suis au courant
de rien !
Comment jugez-vous votre
centre de formation, la KFA, est-il au même niveau que les centres que
vous connaissez chez vous au Sénégal ?
Le club est en train de
progresser à ce niveau. C’est un excellent centre, avec des jeunes
talentueux ! Les
installations sont bonnes, les pensionnaires ne font pas que jouer au
football, ils vont aussi à l’école. Je ne peux pas dire que les
installations n’ont rien à envier à celles de Génération
Foot du Sénégal par exemple,
mais les dirigeants sont sur le bon chemin. A ce rythme, ils vont
rattraper voire dépasser tout le monde. C’est un projet ambitieux
matérialisé par le fait que des joueurs issus de l’académie ont
rejoint l’équipe première. Nos mises au vert se font dans
l’académie, elles nous permettent de voir les pépites à l’œuvre. Il
y a vraiment du talent ici !
Rendez-vous vendredi pour la
seconde partie de notre entretien avec Alioune Badara Faty, qui
s’exprimera sur la sélection du Sénégal.