Un an après son émergence, Juan Ayuso est de retour sur le sol espagnol. L’Espagnol, propulsé leader de l’équipe UAE Emirates sur la Vuelta, nourrit de grandes ambitions pour la compétition nationale, malgré la concurrence féroce de Jonas Vingegaard, Primoz Roglic et Remco Evenepoel. Plein de confiance dans sa préparation et dans son partenariat avec Joao Almeida, Ayuso tentera de confirmer sa troisième place obtenue l’an dernier.
Dans l’ombre de l’exubérant Tadej Pogacar, un autre prodige trace son propre chemin au sein de l’équipe UAE Emirates. Deuxième plus jeune coureur de l’histoire à monter sur le podium d’un Grand Tour, Juan Ayuso, troisième de la dernière Vuelta alors qu’il n’avait pas encore 20 ans, cherche à poursuivre son ascension sur sa terre natale en 2023. Même si une répétition de sa place sur le podium semble difficile, le Catalan a montré lors du Tour de Suisse qu’il progressait lentement mais sûrement.
Qui sait, en cas de performance réussie à la Vuelta, l’Espagnol pourrait même s’immiscer dans la rivalité estivale avec « Pogi ». Dans ce duel pour le trône, UAE Emirates en sortirait gagnant. L’éclosion totale du prodige Ayuso permettrait à Pogacar de se concentrer sur le Giro et la Vuelta, étoffant ainsi davantage son palmarès déjà impressionnant. L’idée d’un triplé unique Giro-Tour-Vuelta ne serait plus aussi extravagante.
UNE CONFIRMATION DE PODIUM
Juan Ayuso incarne le cycliste typique de cette génération éclairée. Dans la lignée de Pogacar, Pidcock et consorts, l’Espagnol est un joyau précoce qui se soucie peu des jalons traditionnels, préférant souvent les brûler. Les premières étincelles ont jailli sur les routes chaudes de la Vuelta 2022. Sa troisième place au classement général, à peine surprenante compte tenu de son pedigree, en est le témoignage. Depuis ses premiers mois chez les jeunes dans la région de Valence, où il excellait déjà, il a toujours dû composer avec l’étiquette parfois encombrante de prodige.
Passé professionnel à 18 ans à l’été 2021 chez UAE, le jeune de Javea – une paisible cité portuaire de la Costa Blanca dont le célèbre joueur de tennis David Ferrer est originaire – a dû attendre la saison 2022 pour s’adapter aux exigences et aux défis spécifiques du métier de cycliste professionnel. Les premiers résultats ont rapidement suivi, avec des places dans le top 5 du Tour de Catalogne (5e) et du Tour de Romandie (4e). Fort de sa première victoire dans l’élite au Circuit de Getxo, Ayuso est arrivé sur la Vuelta avec confiance, montrant une maturité impressionnante pour son âge, à la fois sur et en dehors du vélo. Polyglotte (il parle couramment le castillan, l’italien et l’anglais), Ayuso est également capable d’analyser ses performances avec lucidité.
UNE ÉQUIPE ET UN CALENDRIER PERSONNALISÉS
Ayuso, troisième de la Vuelta 2022, sait que sa place sur le podium a été en partie due à l’abandon de Primoz Roglic et à la chute de Carlos Rodriguez (INEOS Grenadiers). Malgré cela, le mérite du coureur est incontestable, étant particulièrement méthodique. En bon métronome, l’Espagnol s’est astreint dès l’âge de 17 ans à une vie d’ascète, surveillant son alimentation (avec l’aide de Gorka, son nutritionniste) et traquant le moindre gain marginal. Une approche atypique pour un coureur de son âge, mais Ayuso a toujours été un garçon précoce.
En 2023, Ayuso s’est bien préparé et a redoublé d’efforts. Son retour au Tour de Romandie a confirmé ses progrès en contre-la-montre (victoire dans le chrono de la troisième étape), mais sa difficulté à Thyon 2000 a montré qu
‘il lui restait du travail à accomplir. L’Espagnol s’est remis à l’entraînement après une absence de deux mois, pour finalement terminer deuxième du Tour de Suisse, où il a manqué de peu de battre Mattias Skjelmose (Lidl-Trek) lors d’un dernier effort solitaire impressionnant. Avec deux victoires d’étape, dont une grâce à une initiative personnelle, Ayuso a clairement montré qu’il savait désormais gagner.
AYUSO RÉALISE UNE BELLE PERFORMANCE ET SKJELMOSE RETROUVE LE MAILLOT JAUNE : L’ARRIVÉE DE LA 5E ÉTAPE
Après une pause supplémentaire, Ayuso a fait son retour en douceur sur la Klasikoa (11e place), ce qui est surprenant compte tenu de sa montée en puissance. Bien qu’il soit pressé, l’Espagnol ne se précipite pas. L’objectif de l’année arrive à la fin du mois d’août. « L’année dernière, la Vuelta a été quelque chose de spécial, une course dont je me souviendrai toujours et qui m’a donné beaucoup de confiance », se remémore-t-il avant le départ. « Nous avons beaucoup travaillé en équipe ces derniers mois et les choses se sont bien passées. »
Entouré d’une équipe entièrement dévouée à sa cause lors de cette Vuelta, à l’exception de Juan Sebastian Molano, chargé des sprints, Joao Almeida, venu dans l’équipe émirienne pour éviter un rôle secondaire chez Soudal, semble destiné à reculer dans la hiérarchie. La trajectoire fulgurante d’Ayuso oblige le Portugais à partager le leadership, voire à céder la place à son cadet, comme cela s’est produit sur la Vuelta de l’année précédente (5e au classement général). « L’année dernière, venir avec deux leaders a été un avantage, donc je pense que c’est une bonne stratégie », conclut Ayuso.
LA VUELTA… AVANT LE TOUR L’ANNÉE PROCHAINE ?
Confronté à des rivaux de premier choix tels que Primoz Roglic, Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel, Ayuso n’a pas abandonné l’idée du podium. « La compétition sera certainement difficile avec de solides adversaires au départ, mais je pense que nous serons à la hauteur du défi », affirme-t-il. Une confiance et une ambition débordantes qui pourraient éventuellement placer l’Espagnol aux côtés de Tadej Pogacar sur le Tour. Interrogé cet été à ce sujet, le Slovène a laissé la porte ouverte avec détachement à un leadership partagé.
Surtout, « Pogi » pourrait saisir l’occasion pour découvrir le Giro et revenir sur la Vuelta. Un double objectif qui ne figurera probablement pas au programme de 2024, bien que Ayuso puisse tout de même faire ses débuts sur le Tour de France. En guise de répétition générale, l’Espagnol aura l’occasion de se mesurer au double vainqueur en titre, Vingegaard. L’occasion de jauger l’écart le séparant du sommet.
