Avec le retour d’Evan Fournier en Europe, c’est la fin d’une ère pour les Français qui suivent ses performances américaines depuis 2012. Mais c’est aussi une page qui se tourne bel et bien pour ces générations 1992-93. Pour le constater, on s’est replongé dans le Hoop Summit 2011, à savoir les premiers pas d’Evan Fournier aux États-Unis, que nous avions suivi à travers un documentaire : « Evan, le Jour J ».
À refaire la carrière de chacun de ses participants, treize ans plus tard, on a observé une variété de destins, mais surtout l’implacable loi du temps qui passe, avec Dario Saric qui est tout simplement le dernier joueur européen présent au Hoop Summit 2011 à toujours évoluer en NBA.
Côté américain, Bradley Beal et Anthony Davis sont encore des joueurs stars, payés en conséquence, mais derrière, c’est également le désert avec des joueurs qui ont pris leur retraite depuis belle lurette (Kidd-Gilchrist, Cook, Wroten) ou plus récemment (Rivers).
Ce voyage dans les couloirs du temps nous a également permis de nous remémorer des noms oubliés, en passant d’anciens champions NBA à d’anciens pensionnaires de Pro A… et même du gendre de Michael Jordan !
Team USA
Anthony Davis (31 ans, Los Angeles Lakers)
C’est clairement la superstar du lot (et déjà à l’époque en double-double à 16 points et 10 rebonds au Hoop Summit). L’intérieur des Lakers sort d’une excellente saison avec les Lakers, à hauteur de 25 points, 13 rebonds et 2 contres. Sacré champion NBA dans la « bulle » en 2020, récent double médaillé olympique et sélectionné parmi les 75 meilleurs joueurs de l’histoire de la Grande Ligue, il se dirige tout droit vers le Hall of Fame. Un immense talent des deux côtés du terrain, malgré ses petits bobos récurrents.
Bradley Beal (31 ans, Phoenix Suns)
Passé à côté de son match à Portland à l’époque, avec 8 points, 4 rebonds 3 passes seulement, il s’est bien rattrapé depuis, avec une carrière de All-Star à Washington qui l’a amené à former ce « Big Three » à Phoenix. Un « Big Three » toutefois vieillissant à l’image de l’arrière qui enchaîne les blessures plus que les cartons offensifs ces dernières saisons (seulement 143 matchs disputés sur 246 possibles ces trois dernières).
Michael Kidd-Gilchrist (30 ans, retraité)
Très gros potentiel à l’aile de par sa dimension physique et sa polyvalence défensive, drafté en conséquence en 2e position de la draft 2012 par Charlotte (devant Beal, Lillard et Fournier), MKG est finalement plus connu pour son shoot biscornu que pour sa carrière NBA assez banale. Retraité des parquets depuis un ultime tour de piste anonyme chez les Mavs, et un dernier essai en vain chez les Knicks en 2020, l’ancien champion NCAA avec Kentucky se consacre aujourd’hui à une cause : le combat contre le bégaiement et l’orthophonie pour tous.
Austin Rivers (32 ans, retraité)
Passé derrière les micros depuis 2023, comme son paternel avant lui, Austin Rivers a bouclé une carrière au goût d’inachevé, sans trophée majeur dans l’armoire ni distinction individuelle marquante. Mais, avec onze années dans la Grande Ligue, dont huit terminées en playoffs, il a tout de même bien roulé sa bosse, avec son jeu tout en explosivité et en percussion (mais sans véritable adresse de loin : 35% en carrière).
Quinn Cook (31 ans, Taiwan)
Efficace en sortie de banc avec 12 points en 16 minutes lors du Hoop Summit, il a enchaîné avec une belle carrière universitaire du côté de Duke mais, non drafté en 2015, alors qu’il venait de gagner le titre NCAA, il a dû se faire sa place à la dure, en passant par la D-League. Doublure NBA au plus haut de sa carrière, et pigiste à l’internationale (Russie, Chine, Porto Rico et Taïwan), Quinn Cook ne s’en tire pas moins avec l’un des meilleurs palmarès de sa classe : double champion NBA avec les Warriors en 2018 et 2020.
Tony Wroten (31 ans, retraité)
Promu scoreur, capable de triple-double, du côté de Philadelphie, lors des années de vache maigre du Process, le gaucher feu follet de Seattle filera surtout en Europe après une blessure grave au genou, où il ira scorer avec Badalone notamment, et Iraklis en Grèce le plus récemment, en 2022.
James McAdoo (31 ans, Sun Rock Shibuya)
Athlète reconnu tôt et décoré avec les équipes de jeunes de Team USA, le fils de Bob McAdoo a lui aussi réussi à bien tirer son épingle du jeu en rentabilisant son temps en NBA, avec deux titres, chez les Warriors (2015 et 2017) en trois vraies saisons dans la Grande Ligue, avant de tomber en G-League, puis l’Europe, et enfin le Japon, où il joue depuis 2020.
Marquis Teague (31 ans, sans club)
Si son frère Jeff a lui réussi à tutoyer les étoiles avec une cape All-Star, Marquis a lui à peine effleuré la NBA avec quatre petites saisons et un rôle mineur. Depuis 2016, il alterne les expériences internationales plus ou moins exotiques avec des retours au bercail, en G-League à Memphis.
Adonis Thomas (31 ans, Herzilja)
À peine aperçu en bout de banc en NBA, il n’a jamais vraiment percé au plus haut niveau. Il a en revanche un passeport collector avec des piges (d’un an seulement à chaque fois) un peu partout sur le globe, dont un passage à Gravelines parmi l’Italie, la Pologne, l’Allemagne ou encore la Slovénie.
Rakeem Christmas (32 ans, Puerto Plata)
Séléctionné par les Wolves à la Draft 2015, puis rapidement échangé à Indiana, Christmas ne fera pas long feu dans la Grande Ligue. Il connaît le parcours typique du globe-trotter depuis 2017, avec un des parcours les plus exotiques, il faut l’avouer, entre la Nouvelle Zélande, l’Uruguay, le Venezuela ou la République Dominicaine. Non, là où Christmas se distingue vraiment, c’est qu’il est tout simplement le gendre de « His Airness », Michael Jordan, le mari de sa fille Jasmine.
Team World
Dario Saric (30 ans, Denver Nuggets)
Connu sur le circuit international depuis les U16, Dario Saric était attendu comme un grand joueur dès ses débuts pour ainsi dire. Malheureusement freiné par les blessures durant sa carrière, dont la fameuse au genou droit lors du Game 1 des Finales 2021, il ne sera jamais All-Star mais il va néanmoins entamer sa huitième saison en NBA. Et, après une campagne intéressante avec 64 apparitions et 8 points et 4 rebonds en sortie de banc pour les Warriors, l’intérieur croate devrait se régaler aux côtés de Nikola Jokic dans les Rocheuses.
Evan Fournier (31 ans, Olympiakos)
Mis au placard ces deux dernières saisons par Tom Thibodeau à New York, Evan Fournier a à peine eu le temps d’entrevoir la lumière au bout du tunnel à Detroit. Que son aventure NBA avait en fait déjà atteint son abrupt terminus. Avec un peu moins de 14 points de moyenne en douze saisons, le frêle arrière tricolore qui avait débarqué à Denver en 2012 a fait son petit bonhomme de chemin, rare arrière européen à capitaliser sur ses talents de scoreur. D’autant qu’il a parallèlement rempli l’armoire à médailles de sa sélection, acteur essentiel de l’ère Collet. Une pointe de regret tout de même de l’avoir si peu vu en playoffs NBA… adoucie par la perspective de le voir en Euroleague dans un contexte encore plus chaud !
Davis Bertans (31 ans, Dubai)
Après huit ans en NBA, mais trois derniers difficiles relégué au rôle de figurant entre Dallas, Oklahoma City et Charlotte, Davis Bertans a décidé de rentrer en Europe… Enfin, dans le tout nouveau club de Dubai qui jouera dans la Ligue Adriatique ! Sniper à très longue portée, il a connu son heure de gloire aux Wizards, avec une saison 2019/20 à 15 points de moyenne. Mais sa faiblesse défensive l’a souvent réduit à un rôle moindre de pompier de service, cantonné au tir de loin en situation d’urgence.
Bismack Biyombo (32 ans, sans club)
Auteur d’un triple-double (12 points, 11 rebonds, 10 contres) rarissime, le premier de l’histoire, lors du Hoop Summit 2011, Bismack Biyombo avait marqué les esprits avec ses qualités défensives et son potentiel athlétique. Formé en Espagne, à Fuenlabrada notamment, il s’est construit une belle carrière NBA (douze saisons tout de même, à OKC l’an passé) dans un rôle de pivot défensif, récoltant au passage un gros contrat à Orlando après ses exploits à Toronto.
Kevin Pangos (31 ans, Naples)
Meneur marquant en Euroleague, avec notamment une place dans le meilleur cinq de la compétition en 2021, Kevin Pangos aura bien sa chance en NBA, à Cleveland l’année suivante. Mais, comme beaucoup de joueurs étiquetés « européen », le meneur canadien n’y fera qu’un petit tour, et puis s’en va. Depuis son retour en Europe en 2022, il redescend en gamme après deux expériences très mitigées à Milan et Valence…
Raul Neto (32 ans, sans club)
Blessé au genou en août 2023 alors qu’il portait la tunique de la Seleçao, Raul Neto n’a pas pu honorer son nouveau contrat avec le Fenerbahçe, qui y a ensuite mis fin sans crier gare. Meneur virevoltant drafté dès 2013 (au second tour), passé par Utah, Philly, Washington et Cleveland, il a eu plus de succès qu’un Pangos en NBA. Mais, comme ce dernier, limité par sa taille et sa défense, le créateur brésilien (6 points, 2 passes) n’aura eu droit qu’à une carrière de seconde (voire troisième) zone dans la Grande Ligue…
Mateusz Ponitka (31 ans, Bahçeşehir)
Joueur emblématique de sa sélection polonaise, Mateusz Ponitka est un joueur référencé sur le circuit Euroleague. Après un coup de moins bien la saison passée au Partizan, il est passé en Turquie pour se refaire la cerise cet été. Surtout connu pour ses campagnes internationales, dont ce fameux triple-double à 26 points, 16 rebonds et 10 passes pour faire tomber la Slovénie de Luka Doncic en quart de l’Euro 2022, il n’a eu qu’un rapide contact avec la NBA, avec une ligue d’été anonyme en 2016 avec Denver, malgré sa belle perf au Hoop Summit en 2011 (17 points, 4 rebonds).
Lucas Nogueira (32 ans, retraité)
Drafté en 16e position par les Celtics en 2013, Lucas « Bebe » Nogueira porte bien son surnom. L’immense liane brésilienne avait le morphotype et les qualités athlétiques idéales pour briller sur les parquets américains. Mais le bébé n’aura jamais grandi, expulsé de la Ligue après quatre ans sans saveur à Toronto. Et naviguant dans les ligues mineures depuis, aperçu dernièrement au Canada, à Calgary !
Kyle Wiltjer (31 ans, Venise)
L’international canadien passé par Kentucky (où il a gagné le titre NCAA en 2012) et Gonzaga ne se destinait pas vraiment à la NBA avec son profil d’intérieur à l’ancienne. Et ça s’est confirmé avec une petite saison à Houston, après avoir été ignoré à la Draft 2016. En revanche, avec son tir fiable à 3-points, il s’est assuré une belle petite carrière sur le Vieux Continent, en passant par l’Olympiakos et Malaga notamment, avant de baisser en gamme par la suite.
Przemek Karnowski (30 ans, assistant coach à Arizona)
Montagne de 2m16 pour 129 kilos, Przemek Karnowski est apparu sur les radars du côté de Gonzaga. En particulier, quand il a mené les Bulldogs à leur premier Final Four en 2017. Le train NBA qui s’offrait à lui en 2016 ne repassera pas en 2017. Trop lent pour le jeu NBA, le pivot polonais rentrera en Europe, où il ne fera qu’une carrière fugace (3 saisons), plombé par ses blessures à répétition.
Ailun Guo (30 ans, Liaoning)
Ajout de dernière minute au Hoop Summit 2011, Ailun Guo est forcément plus difficile à évaluer, lui qui a accompli l’intégralité de sa carrière dans le très hétérogène championnat chinois. Dans son club de Lianoning depuis 2010 (!), il a gagné quatre titres de champion, a été huit fois All-Star, taquinant même l’ancien des Bucks Yi Jianlian pour le titre de MVP de la Ligue en 2016. Olympien à Londres et à Rio, il a souvent été en difficulté et inconstant face aux défenses de très haut niveau.