Vincent Collet a déjà conduit les Bleus à de très belles choses (la médaille d’or à l’Euro 2013, les médailles d’argent aux JO 2021, à l’Euro 2011 et 2022, les médailles de bronze aux Coupes du monde 2014, 2019 et à l’Euro 2015) mais, en pédagogue, ces campagnes s’appuyaient toujours sur un socle, patiemment construit.
Ces Jeux olympiques 2024 sont très différents. Après la déroute de la Coupe du monde 2023, le sélectionneur avait ainsi changé l’identité de la sélection, voulant s’appuyer sur un mur Victor Wembanyama – Rudy Gobert près du cercle et en imaginant un premier rideau Matthew Strazel – Isaïa Cordinier – Nicolas Batum devant. Mais dès le milieu de la préparation, face à une attaque qui affichait de sévères limites et un Evan Fournier qui n’arrivait pas à trouver de rythme en sortie de banc, il avait cherché des compromis.
Presque tout a changé en 48 heures
Des compromis qui ont encore davantage exposé les limites de cet effectif dans les phases de poules. Mais Vincent Collet a surpris, en changeant radicalement d’approche pour les quarts de finale.
« On a fait un mois de préparation quasiment pour rien parce qu’on a presque tout changé en 48 heures » explique ainsi Nicolas Batum. « Ça fait vingt ans que je connais Vincent mais depuis cinq jours, c’est juste phénoménal. Hier, je l’ai vu en train de préparer son match tout seul dans son bureau avec ses fiches. Il était 21h30. J’ai dit aux gars : ‘C’est notre leader’. Il est trop dédié à ce qu’il fait. On ne peut que le suivre. »
Constatant l’échec de son idée de « double muraille », Vincent Collet a fait ce qu’il n’avait jamais fait en Equipe de France : tout changer en plein milieu d’une compétition, en sortant Rudy Gobert pour laisser Victor Wembanyama comme seul intérieur. Pour s’appuyer notamment sur l’impact poste bas de Guerschon Yabusele et Mathias Lessort.
Mais aussi sur les qualités athlétiques d’Isaïa Cordinier, le symbole de ce renouveau avec ses 20 points face au Canada puis ses 16 points face à l’Allemagne. Sans oublier son activité défensive.
Une phalange française
« Il est évident que Rudy préférerait jouer davantage, mais c’est aussi ce mouvement qui nous permet de faire deux matches comme ça », rappelle Isaïa Cordinier sur ce jeu en mouvement qui a ressuscité les Bleus. « Il a fallu que les supposés leaders acceptent certains choix. Notre force, c’est que le « nous » a pris le pas sur le « je ». »
Un « nous » qui forme une vraie phalange, capable d’alterner les défenses et de n’offrir strictement aucun couloir de pénétration à Dennis Schröder et Franz Wagner, pour ensuite vite se projeter.
« On est des « cailleras » et on regarde tout le monde les yeux dans les yeux quand on joue comme ça. Avec notre bonne attitude, ça nous a donné des stops » conclut-il. « Je suis très fort sur le jeu de transition, le jeu de relance et une fois que je mets un ou deux paniers, la confiance prend le dessus. Je n’étais pas forcément l’arme offensive sur la prépa, ni sur les matchs de poules. Mais une fois qu’on a vu que je pouvais apporter… »
De quoi s’attirer aussi les louanges de Kevin Durant, même si l’ailier américain ne sait pas prononcer le nom du joueur du Virtus Bologne. Ça viendra peut-être lors de la finale !
Crédit photo : FIBA