Il était le grand favori annoncé pour le poste : Freddy Fauthoux est bien le nouveau boss des Bleus. Le technicien de 51 ans débarque sur le banc de l’Equipe de France pour quatre années et avec un défi XXL face à lui.
Les Tricolores ont en effet regardé l’armada de Team USA dans les yeux en finale des Jeux Olympiques il y a quelques semaines et restent sur une quinzaine d’années vertueuse avec Vincent Collet à leur tête. Arrive désormais un autre habitué des grands rendez-vous, comme joueur puis comme entraîneur. Et qui incarne une forme de continuité naturelle pour succéder au nouveau conseiller spécial de la direction technique nationale.
Des poussins à une finale européenne en une dizaine d’années
Entre les sélectionneurs Collet et Fauthoux, il existe en effet une sorte de filiation. Comme le désormais ex-sélectionneur français, Frédéric (de son prénom complet) Fauthoux est un homme du sérail, biberonné au basket LNB, qu’il n’a jamais quitté. Vincent Collet, le Sarthois d’adoption, joueur puis entraîneur du Mans, laisse ainsi la place à « Petitou », légende de l’Elan Béarnais Pau-Orthez avant de devenir un des techniciens les plus prisés du championnat de France ces dernières années.
C’est pourtant presque par hasard que ce dernier a mis la main dans l’engrenage du coaching. Freddy Fauthoux est ainsi devenu entraîneur par le bas de l’échelle, quand l’équipe de poussins de son fils avait besoin d’un entraîneur au club de Pau-Nord-Est, la pépinière de l’Elan Béarnais. « Le déclic, je l’ai eu avec les mômes » disait-il à L’Equipe en avril dernier. « Je ne pensais pas que cela me mènerait jusqu’ici. »
Ici, c’était alors « uniquement » à la tête du club de la JL Bourg-en-Bresse, auteure de la meilleure saison de son histoire la saison passée avec une première qualification en demi-finale du championnat et une défaite en finale de l’Eurocup (battue par le Paris Basket). Pour sa deuxième saison dans l’Ain, Freddy Fauthoux avait cimenté sa place parmi les meilleurs coachs français du moment. Il avait fait de son équipe la troisième attaque du championnat la saison passée, en pratiquant un basket de mouvement où la recherche du meilleur tir possible rendait la « Jeu » dangereuse au tir extérieur (troisième moyenne de primés réussis par match, meilleur pourcentage) tout en étant une des plus agressives (première au nombre de lancers-francs tentés par match).
La victoire dans le sang
« Bien sûr, il faut garder ce qui a fait le succès des Equipes de France cet été, chez les jeunes et les seniors, et continuer de cultiver cette forte identité défensive, a détaillé le nouveau sélectionneur des Bleus lors de son intronisation mercredi. Pour autant, oui, j’ai des idées. Je rêve d’un basket total où on défend dur, mais où on peut aussi marquer beaucoup de points. Les équipes qui gagnent les compétitions internationales récentes évoluent souvent à 85-90 points par match, tout en étant dans les deux-trois meilleures défenses. Je ne sais pas si on y arrivera mais en France, on a des joueurs d’exception, aujourd’hui et pour l’avenir. »
De la trempe de ceux qui font passer des caps, et soulever les trophées ? « J’ai beaucoup gagné quand je jouais, j’aimerais aussi le faire quand j’entraîne » clamait Freddy Fauthoux après avoir re-signé pour trois saisons avec Bourg-en-Bresse en avril. Sept titres de champion de France comme joueur, puis deux de plus comme « entraîneur associé » de T.J. Parker à l’ASVEL pendant deux ans (2021, 2022) forgent quelques habitudes en fin de saison.
C’est ce profil de gagneur qu’est allé chercher la Fédération française pour entamer le nouveau cycle de l’équipe nationale. Après huit podiums en quatorze compétitions ces quinze derniers étés, l’émergence de Victor Wembanyama doit permettre aux Bleus de faire mieux que le « seul » titre de l’Euro 2013. Cela tombe bien, Freddy Fauthoux aime faire confiance à ses jeunes joueurs, notamment à l’intérieur, lui qui avait su donner un coup d’accélérateur aux carrières de futurs internationaux comme Louis Labeyrie ou Vincent Poirier à Levallois, sa première expérience comme coach principal dans l’élite (2015-2020).
Plus sanguin
Freddy Fauthoux avait aussi été découvert le banc de l’Equipe de France comme assistant des U16 champions d’Europe 2014 avec les futurs joueurs NBA Frank Ntilikina, Killian TIllie, Yves Pons ou encore Adam Mokoka, avant d’avoir sous ses ordres Victor Wembanyama à l’ASVEL en 2021/22 puis Zaccharie Risacher l’an passé.
« Je ne sais pas si j’ai une méthode particulière mais je suis quelqu’un de proche avec mes joueurs » détaillait l’entraîneur à Basket Europe. « Je fonctionne beaucoup à l’humain, c’est en moi. Ça ne veut pas dire que je laisse tout passer, je sais être dur de temps en temps, mais c’est aussi aimer ses joueurs, essayer de les comprendre, communiquer avec eux. »
Après le froid Collet, cérébral et avant tout pédagogue, voici le chaud Fauthoux, plus sanguin.
« Vincent est complet, mais il n’extériorise pas ce qu’il dit beaucoup plus en comité restreint. Il a fait preuve de beaucoup de résilience, alors que Freddy est beaucoup plus dans l’expression, il met la pression sur l’extérieur, il est agité sur le banc, très expressif, il pique des colères » explique ainsi Claude Bergeaud.
Il lui faudra désormais apprendre à jongler entre son quotidien dans l’Ain et la casquette de sélectionneur, ses fenêtres internationales en cours de saison et une gestion de groupe bien différente, même s’il a déjà connu les effectifs élargis à l’ASVEL. « Tout comme un joueur qui aspire à porter ce maillot bleu, en tant qu’entraineur, c’est le plus beau poste que l’on peut espérer » insiste-t-il sur le site de son club de Bourg-en-Bresse. « Cependant, je ne vois pas ça comme un rêve qui se réalise ou une consécration, pour moi c’est avant tout l’occasion d’aider à maintenir l’Équipe de France sur le haut de l’échelle mondiale. Celle-ci débutera par un déplacement inhabituel à Chypre, le 21 novembre prochain, pour le compte des qualifications de l’EuroBasket.