Dans cet entretien exclusif qu’il a accordé à
Afrik-Foot.com, Alain Traoré fustige ce qu’il qualifie de
mensonges qui entourent la non-sélection de son frère Bertrand
Traoré lors du dernier rassemblement de l’équipe nationale du
Burkina Faso. L’ancien milieu offensif
des Etalons (35 ans) est également revenu sur ses ambitions avec
son club djiboutien d’Arta Solar 7.
Par Yoro Mangara,
Avez-vous tiré un trait sur la
sélection ?
Officiellement non, mais aujourd’hui il y a de bons joueurs, de
jeunes joueurs qui montent. L’équipe nationale a un bon groupe.
Nous avons fait notre temps avec d’excellents résultats, il est
temps de passer la main aux plus jeunes. Je me répète encore une
fois, rien n’est officiel, même si je sais que je me dirige vers la
sortie.
Vous évoluez dans le championnat djiboutien, quel est le
niveau du football à Djibouti ?
Le football à Djibouti est
pour le moment amateur, c’est ce qui explique notre présence ici.
Nous voulons aider le football de ce pays à décoller et à aller de
l’avant. Je suis dans la transmission à Arta Solar Le Président
Tommy Tayoro Nyckoss met beaucoup de moyens afin de développer le
football dans ce pays. Et pour l’instant, ça marche.
Consultant à Canal+, Alain TRAORÉ a repris
avec son club de Arta Solar en Djibouti.#FasoSports pic.twitter.com/ezbuoP8UGM— FasoSports (@fasosports18) February 28, 2024
Quelles sont les ambitions d’Arta Solar ?
Les ambitions du club, c’est grandir. Faire en sorte que, dans
quelques années, des footballeurs issus d’Arta Solar puissent
évoluer dans les grands championnats européens mais également voir
Arta Solar rayonner dans les compétitions africaines. Nous sommes
sur la bonne voie car le projet n’existe que depuis sept ans. Je
suis là depuis trois ans, et chaque année nous sommes en Afrique.
On arrive à gagner le championnat maintenant nous devons nous
imposer en Afrique.
Vous-avez évolué avec le Sénégalais Diafra Sakho et le Camerounais Carlos Kaméni dans ce club, mais vu de
l’extérieur, nous avons l’impression que le projet
stagne ?
Nous avons quand même pu avoir de bons résultats dans les
compétions africaines pour un club novice. Malheureusement, nous
tombons souvent sur des équipes qui sont meilleures que nous, avec
plus d’expérience. Vous savez, le règlement djiboutien n’autorise
que cinq étrangers par club. Et, dans une équipe, si vous avez cinq
footballeurs d’un bon niveau associés à six autres d’un niveau
moyen, c’est difficile de gagner en Afrique. Il faut être patient,
avec le temps ça va venir. C’est un projet, il faut le construire
tout en étant patient. Il faut investir aussi dans la formation. Je
vous rappelle que nous avons battu le grand
Zamalek du Caire en coupe de la CAF. Les choses
bougent !
“Répéter la même chose qu’à Berkane”
Pourquoi avez-vous choisi Arta Solar ?
Personnellement, je l’ai choisi parce que c’est un projet
ambitieux. C’est très difficile de trouver un tel projet en
Afrique. Le président met les moyens qu’il faut pour le
développement de son club. C’est un pays où tout est à construire.
C’est excitant comme challenge. J’étais au Maroc, j’ai vu comment Berkane a
progressé année après année. Avant mon arrivée, la RS Berkane avait
zéro titre. J’ai aidé le club à en gagner trois. Depuis, il ne
cesse de gagner. C’est la raison pour laquelle j’ai quitté le club
marocain. Je me suis dit, qu’ils n’ont plus besoin de moi,
maintenant ils peuvent gagner sans moi. Aujourd’hui, je veux
répéter la même chose avec Arta Solar.
Revenons sur les Etalons du Burkina Faso, votre frère
Bertrand était absent de la dernière liste des Etalons, la
première du nouveau sélectionneur Brama
Traoré. Pourquoi ?
Officiellement, le nouveau sélectionneur voulait voir de
nouveaux joueurs pour cette fenêtre internationale. C’était des
matches amicaux, donc voilà ! C’est après que j’ai entendu qu’il
voulait mettre de la discipline dans la sélection. C’est ce qui
s’est dit après les matches. Une sortie que je ne comprends pas.
Nous sommes en train de parler de footballeurs qui ont évolué au
haut niveau en Europe dans les plus grands clubs, depuis plus de 10
ans. Nous n’avons jamais entendu, les concernant, des cas
d’indiscipline.
« Qu’on nous dise quels ont été les cas d’indisciplines à
la CAN ! »
L’ancien sélectionneur du Burkina, qui n’a pas 25 ans hein, qui
a entrainé dans pas mal de pays, (Hubert Velud, ndlr) avait dit
qu’il n’avait jamais géré une équipe aussi disciplinée en Afrique.
Selon lui, les joueurs avaient un comportement exemplaire. Venir
quelques mois plus tard pour annoncer le contraire, c’est choquant.
C’est un faux débat ! Les responsables du football burkinabè
doivent venir nous expliquer quels ont été les cas d’indisciplines
notés lors de la dernière coupe d’Afrique des nations.
Comment votre frère l’a-t-il pris ?
L’équipe nationale n’est pas la maison de quelqu’un. Il peut
arriver qu’un joueur ne soit pas sélectionné. C’est juste la
manière de communiquer qui frustre. Qu’on te fasse passer pour
quelqu’un que tu n’es pas, après avoir tout donné pour son pays,
avec tout ce qu’il a fait pour le pays qu’il aime bien, c’est
agaçant ! Maintenant je vais vous dire une chose, l’équipe
nationale c’est une vitrine mais notre gagne-pain, c’est les
clubs !
Comment avez-vous vécu l’élimination précoces des
Etalons à la CAN ?
Je l’ai mal pris. Quoi qu’on dise, aujourd’hui, c’est très
facile de tirer sur les joueurs, de dire qu’ils n’ont pas de
qualités, etc. Moi je crois qu’on se doit de poser les bonnes
questions. Je pense qu’au Burkina on ne se pose pas souvent les
bonnes questions. On s’est toujours menti, on s’est toujours caché
derrière les faits, et aujourd’hui ça nous rattrape.
Regardez bien, l’équipe nationale du Burkina fait partie des
cinq meilleures équipes africaines de ces dix dernières années.
Elle a fait trois demi-finales, une deuxième place, une troisième
place et une quatrième place (à la CAN, ndlr). Donc les joueurs ont
fait ce qu’ils avaient à faire. Peut-on dire la même chose pour nos
dirigeants ? Combien de
dirigeants burkinabè font partie des meilleurs dirigeants
africains ? Voila les questions que nous devons nous poser et
avoir des réponses…
« On parle de Bertrand comme si sa carrière était derrière
lui »
Comment jugez-vous la carrière de votre frère cadet
Bertrand ?
Je suis très fier de ce qu’il a accompli jusqu’ici. C’est un
footballeur qui vient du Burkina, qui n’a pas eu la même formation
que les jeunes Européens. Il quitte son Burkina natal pour
l’Europe, il s’impose et joue dans les plus grands clubs. Je ne
peux qu’être admiratif de ce qu’il réalise. On parle de Bertrand
comme si sa carrière était derrière lui, je vous rappelle qu’il n’a
que 28 ans. Il arrive à maturité.
C’est vrai, qu’il a été souvent blessé, mais Bertrand en
possession de tous ses moyens, c’est un joueur de classe mondiale.
Actuellement en Espagne (à
Villarreal, ndlr) il a retrouvé la forme, et ça se voit ! On a
retrouvé le Bertrand de ses belles années de l’Ajax. Il a été
titulaire 3 fois, et c’est trois victoires.
Quelle est la différence entre Alain et
Bertrand ?
Je crois que c’est le caractère. Je suis impulsif, je m’énerve
vite. Bertrand est très calme, très réservé !
Qui a la plus lourde frappe ?
(Rires) je crois que c’est Bertrand !
#BFAGHA Le Burkina Faso termine
en beauté avec un splendide coup franc d’Alain Traoré #CAN2017 #lwili pic.twitter.com/tZF5RVQDAh— Le Kpakpato Sportif (@LKsportif) February 4, 2017