« Everything is bigger in Texas ! ». Cette phrase courante au Lone Star State (le surnom du Texas), traduite littéralement par « tout est plus grand au Texas », peut aussi se transposer au cas des San Antonio Spurs. Avec un Victor Wembanyama élu Rookie de l’année à l’unanimité et auteur d’une saison historique, la franchise d’Alamo City rêve de redevenir une place forte de la NBA. Avant d’espérer décrocher une sixième bague de champion après 1999, 2003, 2005, 2007 et 2014, les Spurs doivent confirmer la dynamique de la fin de saison dernière. Cette année II du projet de reconstruction – aussi excitante soit-elle avec une double confrontation face aux Indiana Pacers à Paris, fin janvier – sera surtout décisive pour le futur de la franchise à bien des égards.
Victorieux de sept de leur onze dernières rencontres de saison régulière au printemps dernier, les hommes de Gregg Popovich ont-ils amorcé le début d’une nouvelle ère ? « Les fans des Spurs sont excités et ont hâte que la saison reprenne », explique Raul Dominguez Jr., journaliste pour l’Associated Press en charge des Spurs depuis 2012, à Basket USA. « Victor a apporté à la franchise un certain niveau de « cool attitude » et de swag comme diraient les jeunes d’aujourd’hui. Ce que les Spurs, même à l’époque du Big Three, n’ont jamais eu. »
Après une première partie de saison moribonde collectivement ponctuée par une série de 18 défaites (nouveau record de la franchise), San Antonio est monté en gamme, au fur et à mesure des progrès de sa coqueluche française. Mais ce n’est pas la seule raison à ce regain de forme : le jeu offensif des éperons s’est épuré, Tre Jones a pris la mène après l’échec de Jeremy Sochan à ce poste et surtout Victor Wembanyama a été repositionné en 5, permettant de maximiser son potentiel.
« N’importe qui peut vous dire n’importe quoi sur un joueur mais il faut être avec la personne pour comprendre son instinct, sa mentalité, sa philosophie, ce qui la fait vibrer. Avec le temps, Victor s’est amélioré dans beaucoup de domaines. Il y a des joueurs qui n’y arriveront jamais mais lui, il absorbe tout », disait Gregg Popovich au moment de faire le bilan de la saison, affirmant que son poulain avait « dépassé [ses] attentes ».
Côté mercato, rien de révolutionnaire. Le « front office » des Spurs a largement appliqué la stratégie des petits pas, avec l’intention de construire, sur le moyen terme, autour d’un noyau dur de jeunes joueurs déjà présents. Les arrivées de Chris Paul (Golden State Warriors) et d’Harrison Barnes (Sacramento Kings) sont les deux seules signatures notables de l’été texan, alors que le rookie Stephon Castle a le profil idéal pour s’inscrire dans le projet.
LES MOUVEMENTS DE L’ÉTÉ
Arrivées : Chris Paul, Harrison Barnes, Stephon Castle, Harrison Ingram (two-way contract).
Départs : Cedi Osman, Devonte Graham, Dominick Barlow.
LE JOUEUR À SUIVRE : VICTOR WEMBANYAMA
Pendant l’inter-saison, les attentes autour de Victor Wembanyama n’ont pas faibli. Élu Rookie de l’année à l’unanimité et auteur d’une première saison historique dans la grande ligue (21,4 points, 10,6 rebonds, 3,9 passes, 3,6 contres et 1,2 interception, le tout en 71 matchs), le natif du Chesnay (Yvelines) sera un candidat sérieux pour le trophée de défenseur de l’année (DPOY) et une sélection au All-Star Game de San Francisco, le 16 février prochain. « Je dirais que je suis actuellement à 15% de mes capacités et du niveau maximum que j’espère atteindre », lançait Victor Wembanyama, dans un large sourire, à un petit panel de médias français, dont Basket USA, au moment de faire le bilan de sa première saison en NBA.
Ses performances réalisées en 2024, en particulier au retour du All-Star Game à la mi-février, devraient rapidement devenir la norme pour l’intérieur français. « Je ne sais pas comment Victor peut devenir meilleur que la saison dernière, mais je sais qu’il sera plus fort, parce qu’il a travaillé dur cette intersaison pour devenir encore plus grand », reprend Raul Dominguez Jr.
Finaliste des Jeux olympiques avec la France contre Team USA, Wemby profitera de l’expérience de l’inoxydable Chris Paul (39 ans), douze fois All-Star, pour continuer sa marche en avant. « Chris (Paul) apportera un calme qui aidera Victor (Wembanyama) à comprendre que, peu importe ce que fait l’autre équipe, ses capacités exceptionnelles lui permettent de contrôler les derniers instants d’un match », estime Raul Dominguez Jr.
Moyenne d’âge : 24,2 ans
Masse salariale : 145 millions de dollars (27e)
LE SCÉNARIO IDÉAL
Avant-derniers de la conférence Ouest la saison passée (22 victoires – 60 défaites), les Spurs peuvent raisonnablement jouer le play-in cette année. En cas de qualification en playoffs, ce serait une première depuis cinq ans et cette dernière apparition au premier tour face aux Denver Nuggets en 2018/19 (série perdue 4-3). « Une saison réussie pour les Spurs passe impérativement par retour en playoffs », tranche Raul Dominguez Jr.
Habitué à tout rafler en catégories jeunes, que ce soit à L’Entente Le Chesnay-Versailles ou à Nanterre, Victor Wembanyama a été confronté à d’importantes séries de défaites pour la première fois de son existence. Sa capacité à confirmer sa saison rookie, à progresser et à faire basculer les rencontres dans les moments chauds, est la clé de la réussite des Spurs. Sa connexion avec Chris Paul, notamment sur pick-and-roll, sera elle aussi précieuse.
La jeunesse des Spurs devra également montrer toute sa progression. Devin Vassell, indisponible pour le début de saison après son opération suite à une réaction de stress au niveau de la tête du troisième métatarsien de son pied droit en fin de saison dernière, devra confirmer son rôle de premier lieutenant de Wemby. De son côté, l’énigmatique Jeremy Sochan devra gagner en régularité et en fiabilité sur son shoot. L’acclimatation aux exigences de la NBA du rookie Stephon Castle et l’apport d’Harrison Barnes, seront d’autres facteurs déterminants.
LE PIRE SCÉNARIO
Avec un noyau de jeunes qui n’a quasiment pas changé, et qui se connait désormais, plus deux vétérans pour les encadrer, sans oublier l’arrivée de Stephon Castle, les Spurs entendent progresser. Ce temps d’apprentissage est certes incompressible mais Brian Wright, le GM des Spurs, le sait mieux que quiconque : il n’est pas illimité, tant « Wemby » est obnubilé par le fait de « marquer l’histoire » et de « laisser une trace en NBA ».
« Gâcher une deuxième année de Victor Wembanyama dans une équipe qui ne peut pas gagner au moins trente matchs serait inacceptable et tout le monde le sait », écrivait Mike Finger, chroniqueur au San Antonio Express-News, début avril. Sans une progression significative dans le jeu et un meilleur classement à l’Ouest, la saison des Spurs sera un échec. Et la patience de Victor Wembanyama et de sa franchise sera mise à l’épreuve…
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