Ultra-favoris en début de saison, les Celtics ont fait mieux que tenir leur rang. Le titre 2024 de Boston n’a jamais semblé faire le moindre doute, d’une saison régulière parfaitement maîtrisée (sept victoires de plus que le deuxième bilan de la ligue, quatorze de plus que son dauphin à l’Est…) à des playoffs en contrôle avec au pire un seul match par série laissé en route. La 18e bague de l’histoire de la franchise au doigt, les hommes de Joe Mazzulla s’attaquent à un nouveau défi de taille : réaliser le back-to-back. Ce qui est loin d’être si évident, même pour des équipes de légende, puisque les C’s n’y sont plus parvenus depuis 1969 !
Difficile pour ne pas dire impossible de ne pas imaginer les Celtics en position idéale pour y parvenir. Après une telle démonstration, l’effectif est resté totalement stable, avec pour principaux travaux les prolongations de contrat de Jayson Tatum, Derrick White ou encore de Sam Hauser. Les ajouts de Jrue Holiday et de Kristaps Porzingis durant l’intersaison ont eu les effets escomptés. Et c’est même quasiment sans le Letton que Boston a disputé les playoffs, KP devenant un joueur bonus dans un effectif déjà surdimensionné.
Cela sera encore le cas pour cette première moitié d’exercice puisque l’intérieur a été opéré du pied en juin dernier et ne devrait revenir qu’en 2025. Cette perte serait vraisemblablement conséquente pour n’importe quelle franchise. Mais pas ces Celtics, au collectif solide, des deux côtés du parquet. Et rien ne semble indiquer que la tendance change. Après avoir terminé avec la plus grosse moyenne de tirs à trois-points tentés et réussis par match la saison passée, Boston a encore haussé le ton durant la présaison avec plus de 52 tentatives derrière l’arc en moyenne par rencontre et un pic à 61 contre Denver !
Le début de la saison régulière devrait calmer un peu cet emballement, mais il en dit long sur la stratégie ultra agressive de Joe Mazzulla : tenter sa chance dès qu’une position ouverte se présente et travailler un maximum pour en créer le plus possible. Défensivement, les qualités athlétiques des uns, l’intelligence des autres rend le cinq des Celtics virtuellement sans faiblesse, encore plus quand le géant Porzingis peut jouer les derniers remparts.
C’est avec ces arguments que la franchise du Massachusetts compte bien reproduire la même domination que ces derniers mois. Mais ce n’est pas pour rien qu’il est aussi difficile de remporter un deuxième titre de rang.
LES MOUVEMENTS DE L’ÉTÉ
Arrivées : Ron Harper Jr, Baylor Scheierman, Anton Watson (two-way)
Départs : Oshae Brissett, Sviatoslav Mykhailiuk
LE JOUEUR À SUIVRE : JAYSON TATUM
Leader de l’équipe championne, Jayson Tatum ne devrait plus avoir à prouver grand-chose à qui que ce soit. Auteur d’une nouvelle saison de haute volée, l’ailier a été le fer de lance des Celtics en plus d’obtenir une place dans le meilleur cinq de la saison pour la troisième saison de rang. Pourtant, le joueur de 26 ans vit peut-être une saison fondatrice dans sa carrière, ne serait-ce que pour son image.
Car il a beau être le « franchise player » de Boston, re-signé durant l’intersaison en faisant sauter la banque, il n’était pas le meilleur joueur de la finale de conférence contre Indiana, ni celui de la finale contre Dallas, des honneurs revenus à Jaylen Brown. Puis cet été, au sein de la constellation de stars de Team USA, il n’a pas réussi à se faire sa place, squattant le bout du banc ou se ne se montrant pas indispensable les rares fois où il a eu sa chance.
Cela peut rester de l’ordre de l’anecdote tant que les résultats collectifs suivent. Mais s’il veut cimenter un peu plus sa place parmi les cadors, et rentrer parmi la crème de la crème, Jayson Tatum semble avoir encore un cap à passer. Il doit notamment faire mieux que ses playoffs corrects vu son pedigree (25 points, mais à 42.7%, dont 28.3% à trois-points). Alors que sa formation va faire face au plus grand défi d’un champion en titre, à savoir récidiver et rester au sommet, Jayson Tatum sera forcément scruté de près, alors qu’il a légèrement modifié sa mécanique de tir.
Moyenne d’âge : 26,9 ans
Masse salariale : 196.6 millions de dollars (3e)
LE SCÉNARIO IDÉAL
On prend les mêmes et on recommence ? Cela peut sembler un peu simpliste, mais avec les mêmes ingrédients et la recette du succès désormais bien acquise, les Celtics sont leurs principaux rivaux pour le titre au moment de lancer la saison. Le back-to-back est le seul objectif qu’a en tête Boston et il est on ne peut plus légitime. Le tandem Jayson Tatum – Jaylen Brown qui posait un temps des doutes quant à la complémentarité a trouvé son rythme de croisière. Il sera opérationnel dès le début de la saison, et sera mis à contribution sans Kristaps Porzingis, histoire de montrer directement qui est le patron.
La philosophie du tir primé à foison aura ses détracteurs mais avec le seul Jaylen Brown sous les 37% de réussite la saison passée parmi les huit principaux joueurs de l’effectif, elle pourrait faire encore de gros dégâts. Même le rookie Baylor Scheierman pourrait être une agréable surprise, par la qualité de son poignet et ses cinq ans passés à la fac avant d’arriver en NBA. La colonne vertébrale est en pleine force de l’âge et les trentenaires Jrue Holiday et Al Horford donnent encore pleinement satisfaction. Tout est réuni pour garder sa couronne du côté du TD Garden.
LE PIRE SCÉNARIO
Signer le back-to-back est l’apanage des très grands, les Warriors version Curry – Durant, les Heatles de Miami ou encore les Lakers de Shaq et Kobe pour les exemples les plus récents.
Le président des opérations basket Brad Stevens a beau avoir assuré lors du media day que ses hommes « comprennent qu’ils ont une cible dans le dos », le savoir et le maîtriser sont deux choses bien distinctes. L’engagement mental et physique pour maintenir un top niveau sur la durée est loin d’être aisé. Et la motivation à se sacrifier au quotidien peut finir par se tarir, surtout avec les étés vécus par Jayson Tatum ou Jaylen Brown, toujours vexé d’avoir été écarté de la sélection américaine.
Attention aussi à la gestion de la période sans Kristaps Porzingis, traversée sans encombre la saison passée, mais qui dépend beaucoup du niveau et de la santé d’Al Horford, 38 ans depuis cet été. La rotation sous le cercle est un peu courte, et si le Dominicain venait à lui aussi tirer sur la corde, Joe Mazzulla serait contraint de devoir bricoler.
Ces Celtics doivent en tout cas profiter de l’instant présent, alors que la franchise est sur le point d’être vendue. Rien n’assure que les prochains propriétaires seront autant enclins à exploser les limites budgétaires pour maintenir ce groupe et sa profondeur à l’avenir, a fortiori si l’objectif de doublé n’aboutit pas.